Je n'avais à peine que treize ans quand la guerre a éclatée. On m'avait préparée, on m'avait prévenue que ce serait sérieux, que je devrais lutter pour survivre. Pourtant, lorsque tout éclata, je ne sus quoi en penser. Il restait encore une petite partie de mon cerveau qui me dictait de fuir, d'aider ces malheureux que nous exterminions, ces innocents qui n'avaient rien demander. J'entends encore leurs cris dans ma tête, leurs hurlements et leurs plaintes. Je savais que je ne pouvais plus reculer. Si j'abandonnais, je mourrais.

Le maître était à mes côtés, un sourire en coin sur les lèvres. Il avait se regard de conquérant satisfait que je lui connais trop bien aujourd'hui et qui me faisait déjà craquer à l'époque. À cet âge, j'aurais déjà souhaité qu'il me regarde, qu'il me trouve femme. Pour lui, je ne reculerais pas. J'étais une fonceuse, une curieuse. Je tuerais. Il me lâcha donc en pleine ville, me donnant l'ordre d'anéantir tous ceux qui s'opposait à Requiem. Il y en avait que trop. C'était un test, je le savais bien. Il voulait voir ou j'étais rendu, ce dont j'étais capable. En aucun cas, je devais échouer et perdre son amour. Il était ma famille, ma vie déjà à cette époque. Je n'avais rien d'autre que lui. J'en tuai des dizaines, voir plus. Des hommes, des femmes que j'avais vus ou connus. Beaucoup d'enfants de mon âge également. C'était ceux que je préférais! Il était de ma taille, de ma force. Je pouvais donc me mesurer et jouir du fait que je sois plus forte qu'eux. J'étais puissante et je commençais à m'en rendre compte. Plus la guerre avançait, plus j'aimais tuer.

Ce devint un petit jeu entre Requiem et moi. Nous allions chasser les faibles et les impurs ensemble. Il était sanglant, implacable. J'adorais son regard lorsqu'il ôtait la vie. Quand il arrivait à s'infiltrer dans la tête de quelqu'un pour le manipuler. J'aimais savoir que parmi tout le peuple des Atlantes, j'étais celle qu'il avait choisi. Il avait l'étoffe d'un seigneur, d'un roi. Personne ne pouvait résister à son charme ou si c'était le cas, il les pliaient quand même à ses moindres désirs. Trop souvent, je l'avais vu prendre une femme et filer sans plus de préambule... J'en étais ivre de jalousie. Je détestais toutes ces femmes qui avaient pu sentir ses caresses. Souvent, tapis dans l'ombre, j'attendais que mon bienfaiteur parte pour aller tuer de mes mains la malheureuse. La mort que je leurs réservais était lente et douloureuse. Je les faisais littéralement bouillir de l'intérieur, prenant bien soin qu'elles sentent leurs organes fondre jusqu'au dernier... Le coeur. Je le gardais pour la fin, sentant en elles leur dernier battement. C'étais ma consolation, ma manière de les punir de s'être ainsi offertes, avec ou sans consentement.

Un soir, je me glissai dans sa chambre. J'avais une chemise de nuit qui laissait deviner le peu de courbes qu'une jeune fille de cet âge pouvait avoir. J'étais maquillée, en talons hauts et prête. Je voulais être désirable, je souhaitais qu'il ne détache plus jamais son regard du mien. Qu'il me prenne comme il avait pris toutes les autres. Dès cet instant et pour toujours, je voulais être sa reine. Je n'avais que quinze ans. Le regard curieux, il me demanda sèchement ce que je faisais là. Il y avait déjà quelqu'un d'autre dans la chambre. Je venais de le déranger et il détestait être interrompu. C'est lorsque ses yeux de glaces se posèrent sur mon corps que quelque chose se brisa en moi. Il éclata de rire, soupira et me fit signe d'aller jouer ailleurs. Il venait littéralement de me briser. À partir de cette nuit-là, je me fis la promesse que plus jamais, il n'aurait de désir pour une autre femme que moi...


«Je t'avais ordonné de tous les tuer! Tu me dois obéissance! Comment as-tu pu défier mon autorité. Toi...»

Ses paroles m'allaient droit au coeur, me taillaient la chaire. J'étais à genoux devant lui, les joues ruinées de larmes. C'était un échec cuisant, impardonnable. Il était furieux, hors de lui comme je ne l'avais jamais vu. Son poing alla contre le mur derrière moi. Je sursautai, mais ne bougeai pas. J'osai poser mon regard sur lui et sa main vint empoigner mon menton, me forçant à me lever.

«Baisse le regard devant ton maître, petite sotte. Tu ne vois donc pas tout ce que ta lâcheté implique!?»

La mission avait été simple. Anéantir une famille importante de la société d'Atlantis. Les anéantir jusqu'au dernier pour éviter les représailles. Ils étaient puissant et une menace pour nous. Je le fis, je les tuai... Presque tous. Il y avait un jeune garçon, Joshua. Il n'avait probablement qu'onze ans à l'époque. C'était un ami, je le connaissais depuis toujours et l'aimais beaucoup. Il avait le profil type d'un vrai Atlante et je savais qu'un jour, notre amitié poserait problème.Mais, jamais il ne m'était venu à l'idée que je devrais le tuer. Et Pourtant, j'avais tué des millions de fois, je savais ce que cela impliquait. Alors pourquoi était-ce si difficile dans son cas? J'en fus incapable. Je le pris par la main et le cachai en sûreté pour être certaine qu'il vive. J'avais ce besoin de le sauver. J'osai espérer qu'il me pardonne un jour la mort de sa famille, il y avait peu de chance.

Il me tenait toujours, serrant un peu trop fort et me faisant grimacer. Pourtant, je ne me plains guère. Il m'aurait probablement tué si je l'avais fait. Son autre main vint empoigner mes cheveux, me faisant basculer la tête vers l'arrière - La pièce autour de nous était en bordel. Il m'y avait amené sans ménagement. Ivre de colère, il m'avait littéralement plaqué contre un mur, ce fichant bien de mes os qui craquèrent sous l'impact - Les yeux toujours vers le plafond, je ne répondis rien. Non, je n'avais pas vu tout ce que ça impliquait. J'étais jeune et il y avait encore certaines choses que j'ignorais. Ses deux mains m'agrippant toujours, j'en senti pourtant une troisième sur ma gorge, il hésitait. Me tuer ou me laisser en vie? Ses yeux ténébreux scrutaient mon âme. Et la douleur se fit sournoise, aigu et très lente. Quelque chose me déchira la peau d'une partie de mon cou, passant sur l'os de ma clavicule pour aller mourir à la naissance d'un de mes seins. Mon sort était jeté, si je ne mourrais pas au bout de mon sang, je serais épargnée. Mon visage encore prisonnier de sa poigne, il approcha ses lèvres tout près de mon oreille pour me chuchoter: «Voilà ta punition...» Sans avoir besoin de le demander, un autre Sang pur entra dans la pièce avec mon père qui ne semblait rien comprendre de se qui se tramait. Moi, je compris immédiatement. Il était ma véritable épreuve, mon salut. «Tue le... Lentement.» Cela dura une demi-heure, mais pour moi une éternité. J'entendis mon père me supplier, hurler. Je le fis, je le brûlai tout entier, membre par membre, le regard complètement froid. Les larmes sur mes joues avaient séchées, j'avais le cou et le chandail tâché de sang et je ressemblais probablement à un ange de la mort tellement mon âme devait être détachée du reste de mon corps. Je sentis son dernier battement. Et avec lui, une partie de moi-même mourut. Cette partie qu'Adrian ne pouvait supportée, cette partie de moi que mon père avait tant détesté chez ma mère.

Je devins véritablement de marbre, concentrant désormais toute mon attention sur Lui. Adrian ne vint pas me guérir. Il me laissa souffrir, cicatriser et reprendre des forces dans l'ombre. Il savait que je reviendrais à lui. Mon orgueil était mal en point. J'aurais tant voulu être aussi forte que lui. J'aurais probablement osé le gifler. J'étais furieuse contre lui au point de vouloir le tuer. En vérité, c'était plutôt contre moi-même que je l'étais. Je me sentais indigne. Il m'avait choisi et je l'avais trahis. La mort de mon père ne rachèterait rien, j'en était bien consciente. J'aurais besoin de refaire mes preuves à nouveau. Tout était à recommencer. Le fait que je souffre n'aiderait pas plus à ma cause, c'était un simple amusement pour lui probablement. La profonde cicatrice que je portais était la marque de mon échec. Inconsciemment, je me promis de retrouver Joshua, de le tuer et de ramener sa tête à mon maître. Je devrais tôt ou tard le prendre en chasse et je gagnerais...

Ch.4 - Ensemble, nous gouvernerons à tout jamais...

Voilà maintenant trois ans environ, que nous sommes ici. J'ai arrêté de compter! Je déteste cette planète et ces occupants. J'aurais envie de la mettre à ma main, la tout de suite. De tuer tous ces miséreux et ces lâches. Il faut que je reste tapis, que je me fasse passer pour un des leurs. L'envie de vomir me prend à chaque fois que j'y pense. Jamais, je ne serai humaine! Notre race est bien trop supérieure à la leur. Ils sont laids, inintéressants et stupides. De la chair à requin! Mais le maître à donné ses instructions.

«Il ne faut surtout pas se faire remarquer pour le moment, tu m'entends!? Laissons-les croire qu'ils sont les plus forts...»

J'avais souris sournoisement, il était si prêt de mon visage. Son regard s'était promené sur mon corps et un sourire était venu naître à la commissure de ses lèvres. Mon regard félin croisa le sien, satisfait. J'étais enfin devenu ce qu'il attendait de moi. J'avais gagné ma place à ses côtés et j'étais sa possession, entièrement. Tout son corps me désirait, je le sentais. Je le connaissais si bien maintenant. Plus aucune femme ne pouvait m'arriver à la cheville. J'avais le port et l'élégance d'une reine. La puissance et l'aura de grandeur d'une déesse. Lentement, sa main était venu suivre la trajectoire de ma cicatrice. Je ne saurais dire s'il regrette ou s'il en est fière, mais chose certaine, il se plait à dire qu'il a ainsi signé son oeuvre. Sa main s'arrêta sur la courbe de ma poitrine et se redirigea sur ma nuque pour m'empoigner fermement avant de m'attirer à lui dans un baiser langoureux. Il était le seul à savoir ainsi me faire frissonner. Sans lui comme pôle, je mourrais.

Lentement, je me détachai de son corps. Lui fit un clin d'oeil, promesse d'une nuit agréable, et remit mon casque avant d'enfourcher ma moto. J'avais encore du repérage à faire, des victimes à identifier avant le jour J. Les Atlantes s'étaient toutes cachées parmi les humains et je devais retrouver les plus important d'entre eux pour en informer mon roi. Il y avait aussi Joshua... Je le savais ici, caché quelque part. Je ne referais pas la même erreur deux fois. Je fis crisper les pneus de mon engin sport avant de détaler dans un nuage de poussière. J'avais une certaine emprise sur lui. Je le sentais bien et m'amusait toujours avec cela. J'avais créé une certaine dépendance en lui, ou du moins le croyait. Il aimait mon côté indomptable, mes allures de lionne et mon caractère enflammé. J'étais une boule de feu qu'il ne cessait d'alimenter.

La guerre approche maintenant, je la sens. Les gens sont de plus en plus méfiant. Des rumeurs circulent, la race humaine s'arme et les Atlantes forment leur armée... Les «Black Moon» comme ils les appellent. Je les trouverai et les tuerai un à un sous le regard de Requiem. Et si je dois périr pour le satisfaire, je le ferai. Je suis à lui...